La face cachée du chocolat

Dans les sociétés occidentales, le chocolat a une réputation qui lui donne assez bonne figure: il aurait des effets réconfortants, des bienfaits pour les sportifs et il pourrait même lutter contre les risques cardiovasculaires. Aujourd’hui, cette gourmandise monopolise nombre de tablettes d’épiceries et est devenue l’emblème de fêtes comme la Saint-Valentin et Pâques. Or, le bonheur des uns fait le malheur des autres! Pendant que nous, consommateurs, profitons des saveurs délectables de cet aliment, des millions de cacaoculteurs souffrent à faire vivre cette industrie.  En effet, les travailleurs qui sont à la base du processus de production du chocolat mènent une vie de labeur, d’un côté en raison de leurs conditions de travail déplorables qui leur rapportent un salaire dérisoire, mais aussi la part impressionnante de ces travailleurs qui est constituée d’enfants envoyés par leurs parents dans les plantations.

Les pays producteurs

Il est essentiel de comprendre la situation économique et sociale des pays producteurs afin de saisir pourquoi les conditions des cultivateurs sont ainsi. Les pays d’Afrique de l’Ouest fournissent la quasi-totalité du cacao utilisé en Europe pour confectionner le chocolat. Ce sont le Ghana et la Côte d’Ivoire qui, à eux seuls, produisent 52% de ce cacao. Il est alors évident qu’une majorité de ces populations dépend de cette industrie pour subsister. Une étude menée par Fairtrade en 2016 auprès de 3 202 petits producteurs nous dévoile que leur revenu moyen est de 2707$ par an. Bien que légèrement supérieur au revenu de l’extrême pauvreté, ce montant est nettement inférieur au revenu de subsistance, qui s’élève à 7318$ par an. Des experts du commerce équitable nous déclarent quant à eux, à la suite d’une estimation effectuée en 2020, qu’un producteur de cacao ne gagne pas plus de 0,90 dollar américain par jour, ce qui est bien en dessous du seuil d’extrême pauvreté. Bien que les chiffres de leurs analyses diffèrent, la conclusion demeure la même: le salaire versé aux cacaoculteurs est beaucoup trop faible. Cette information met en évidence une réalité: celle que la pauvreté est à la base du travail des mineurs dans les plantations. En effet, lorsque papa et maman ne gagnent pas suffisamment d’argent pour nourrir toute la famille, la solution est souvent d’envoyer les aînés travailler eux aussi. Mais ce choix n’est pas uniquement économique : il se base aussi sur des normes culturelles. La notion de l’enfance chez des sociétés traditionnelles africaines suppose qu’un enfant n’en est plus un une fois qu’il a atteint la maturité ou qu’il est capable de répondre seul à ses besoins. Un jeune de 12 ans peut donc travailler sans qu’on y voie un problème. La loi le réprimande, mais elle est difficile à faire appliquer tant cette pratique est répandue.

Des enfants esclaves

Maintenant que tout cela est clarifié, nous pouvons nous pencher sur la vraie question: « Dans quelles conditions ces enfants travaillent-ils? » Ceux-ci sont ou envoyés par leur famille, ou trafiqués de régions voisines comme le Burkina Faso et le Mali, deux des pays les plus pauvres du monde, puis vendus pour un certain nombre d’années à des producteurs désireux de faire augmenter le rendement de leur ferme. Généralement âgés de 12 à 16 ans, on oblige ces jeunes à travailler jusqu’à 14 heures par jour et, ne faisant pas le poids face à leur supérieur, ils n’ont d’autre choix que de coopérer. De surcroît, les cultivateurs mineurs effectuent des tâches excessivement dangereuses pour leur santé. Effectivement, plusieurs enfants utilisent des outils tranchants faisant presque leur taille afin de récolter la cabosse de cacao, et ce, sans qu’on ne leur fournisse d’équipement ou tout autre type de protection. On expose aussi ces enfants à des produits chimiques qu’ils doivent manipuler sans plus d’assistance que pour les appareils coupants. À cette liste s’ajoutent les charges lourdes que leurs jeunes corps doivent supporter et qui, à la longue, risquent de diminuer leur potentiel de croissance. Il n’est pas rare pour leur employeur de ne pas les payer avant de nombreuses années, puis, en guise de récompense, de ne leur donner qu’un sac de cacao qu’ils pourront essayer de vendre au marché. Oui, ces enfants sont hébergés, mais détrompez-vous, une ferme n’a rien à voir avec un hôtel cinq étoiles. Peu de nourriture leur est fournie et leurs lits ressemblent davantage à des planches de bois que des matelas. Vous devinerez aussi que peu d’entre eux bénéficient du privilège d’avoir une éducation, ce qui est certainement l’une des plus grandes injustices les affectant. Sans être allés à l’école, ces derniers poursuivront sûrement dans le milieu du cacao, comme c’est tout ce qu’ils auront connu, puis mèneront une vie dans l’insécurité financière. Leur renier le droit à l’éducation, c’est leur renier le droit à un avenir meilleur. Nous aimerions vous dire que ce ne sont que des cas isolés, que l’industrie du chocolat est à la hauteur de l’image qu’on lui donne en Occident. Mais ces enfants, on en compte 1,5 million en Côte d’Ivoire et au Ghana.

Notre motivation

C’est à la suite du visionnement d’un documentaire mettant en lumière ces tristes réalités que nous avons ressenti le besoin de partager nos apprentissages sur cette industrie destructrice. 

 

Notre projet

Nous ne sommes pas dupes, ce n’est pas du jour au lendemain que les gens vont arrêter de manger du chocolat. À vrai dire, nous en consommons de temps en temps, et nous ne pensons pas qu’un jour viendra où cette gourmandise disparaîtra des supermarchés. C’est en sachant cela que nous avons fait le choix de notre expérimentation. Notre équipe s’engage à aider la jeunesse de l’école à devenir des consommateurs plus responsables. De fait, notre projet consiste à offrir une liste d’entreprises chocolatières éthiques que l’on peut retrouver au Québec, ainsi que des outils pour savoir identifier par soi-même si un produit contenant du chocolat résulte ou non du travail de mineurs. Nous espérons ainsi faire connaître le marché des compagnies responsables et, qui sait, éliminer petit à petit la place du chocolat non équitable dans notre alimentation. 

 

Bibliographie

Sites internet:

Images:

1 réflexion au sujet de « La face cachée du chocolat »

  1. Très bien. Je suggère aussi de visiter les sites web de OLAM, CARGILL, deux des plus grands transformateurs de cacao. Ils ont des programmes précis d’amélioration des conditions de travail, d’amélioration des méthodes de production, de construction d’écoles et autres pour adresser les conditions que vous décrivez dans votre texte. Excellent travail!!! Guy

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