Le tourisme dans le Saint-Laurent, à quel prix?

L’industrie des croisières fait vivre la région de Tadoussac. Elle est la principale source de revenus d’une grande partie de sa population.  Pourtant, cette activité fluviale nuit aussi grandement aux animaux et aux plantes qui peuplent le fleuve St-Laurent. D’autres embarcations, comme les traversiers et les cargos de marchandises, sont aussi de grands polluants de ce plan d’eau. Ces navires doivent emprunter le fleuve pour assurer le bon fonctionnement de la circulation et du commerce du Québec. Dans cette optique, serait-il possible de conserver la navigation fluviale, incluant les croisières touristiques, tout en préservant notre écosystème marin?

Premier problème: la pollution

En faisant nos recherches, nous avons  identifié plusieurs problématiques liées à l’industrie des croisières concernant la pollution que celle-ci engendre.

D’une part, le mazout lourd et de l’oxyde de soufre présent dans le moteur et le carburant représente l’une des sources principales de la contamination de l’eau et l’air. En effet, l’oxyde de soufre produit des acides qui, en interagissant avec des gaz présents dans l’air, forment des particules nocives pour la santé, autant des hommes que des animaux. Les baleines en sont particulièrement touchées, car ces polluants se retrouvent littéralement dans leur corps! Effectivement, les contaminants que l’on rejette dans le fleuve sont ingérés par les krills, l’aliment principal des baleines à fanons. Naturellement, si les polluants sont dans les krills, et que les baleines mangent les krills, les polluants se ramassent dans les baleines.

D’autre part, les eaux usées déversées dans le fleuve constituent également un facteur important de sa dégradation. D’énormes quantités, soit 32 milliards de litres par année, y sont jetés chaque année, et ce, seulement par les excursions baleinières! C’est l’équivalent de 13 000 piscines olympiques remplies d’eau chaude qui est déversée annuellement dans le St-Laurent. On peut se dire que ce n’est pas grave, que de l’eau c’est de l’eau, mais c’est tout le contraire. En rejeter de telles quantités affecte la température des océans, ce qui contribue à leur acidification. Ces légères variations des conditions marines entraînent la fragilisation du métabolisme des nombreux organismes qui y vivent.

Deuxième problème: la pollution sonore sous-marine

Les baleines ont de la difficulté à communiquer lorsqu’il y a beaucoup de croisières sur le fleuve. Cela va peut-être vous surprendre, mais oui, les baleines se parlent! Ou plutôt, elles «chantent». Lorsqu’un moteur est en marche sur le fleuve, il produit de la vibration. Les baleines, elles, communiquent par des ondes de basses fréquences. Les vibrations et les ondes se mélangent, donc cela devient plus difficile pour elles de se parler. Elles ont aussi plus de difficulté à se déplacer en groupe ,car, encore une fois, le bruit obstrue leurs oreilles, ce qui les empêche de communiquer. De plus, il est plus ardu pour les baleines de se nourrir, car l’écholocalisation est faussée. Cette manière de chasser est la plus répandue chez les mammifères marins, donc, qu’ils ne peuvent plus l’employer est une mauvaise nouvelle. Bref, les cétacés sont grandement perturbés par la pollution sonore sous-marine. 

 

Troisième problème: la menace de la biodiversité marine

La plupart des informations que nous avons collectées concernant l’écosystème marin traitent des baleines; c’est pourquoi nous avons décidé d’approfondir nos connaissances sur les facteurs qui menacent leur vie et leur sécurité. De fait, plusieurs règlements régissent les excursions touristiques baleinières pour ne pas mettre les baleines en danger. Voici des exemples de comportements à absolument éviter si on veut respecter les cétacés du Saint-Laurent:

Se déplacer trop rapidement 

Changer de directions trop brusquement

Encercler la ou les baleines avec le bateau

Poursuivre et/ou couper le chemin d’une baleine

Par ailleurs, voici une partie de la liste des règles à respecter lors d’une sortie en mer:

  • Garder une distance de 100 m d’une baleine ou d’un marsouin (sauf dans le cas d’une exception)
  • S’éloigner des bélugas lors d’une rencontre 
  • Avancer à une vitesse inférieure à 10 nœuds (18,5 km/h) dans une zone d’observation de mammifères marins

Quatrième problème: le non-respect des règles

Comme mentionné plus haut, il existe une panoplie de règles à respecter lorsqu’on part en mer afin de ne pas déranger les mammifères marins. L’instauration de ces règlements est un pas de plus vers la santé des baleines. La plupart des capitaines de bateaux respectent ces règles,  c’est plutôt chez les plaisanciers qu’il y a un problème. Ils sont souvent en train de pratiquer un sport nautique, comme le kayak ou la planche à pagaie, lorsqu’ils s’approchent, volontairement ou non, d’une baleine, d’où l’importance de se renseigner.

 

Alors on fait quoi?

Même si certains les snobent en disant qu’elles accélèrent le déclin de la biodiversité du Saint-Laurent, les croisières ne sont peut-être pas aussi dommageables qu’on le pense. Nous allons rechercher les points positifs et négatifs du trafic maritime dans le Saint-Laurent et nous nous renseignerons sur les alternatives aux gros bateaux polluants. Savoir les types de navires qui naviguent dans le fleuve, leur utilité et leur incidence sur l’économie locale nous aidera à y voir plus clair. En ayant ces informations en main, nous pourrons déterminer quelles pratiques adopter (ou au contraire, abandonner) selon leurs avantages, leurs inconvénients et leur coût.

Sources

INFORMATIONS:

MERCURE, Philippe.  La pollution des bateaux de croisière [ en ligne ], La presse, publié le 21 novembre 2021, https://www.lapresse.ca/contexte/2021-11-21/la-pollution-des-bateaux-de-croisiere.php#:~:text=L%27organisation%20environnementale%20Stand%20estime,de%2013%20000%20piscines%20olympiques, (consulté le 25 novembre 2022)

LANDRY, Virginie. Naviguer vert sur les mers [ en ligne ], Croisières AML, publié le 14 février 2019, https://www.croisieresaml.com/naviguer-vert-sur-les-mers, (consulté le 25 novembre 2022)

AUTEUR INCONNU. Des croisières avec une conscience environnementale [ en ligne ], Croisière AML, https://www.croisieresaml.com/des-croisieres-avec-une-conscience-environnementale, (consulté le 25 novembre 2022)

AUTEUR INCONNU. Les croisières: ce fléau écologique ambulant [ en ligne ], Courrier international, https://www.courrierinternational.com/article/video-les-croisieres-ce-fleau-ecologique-ambulant, (consulté le 25 novembre 2022)

GREMM. Tout sur les baleines du Saint-Laurent [ en ligne ], Baleines en direct, https://baleinesendirect.org/, (consulté le 25 novembre 2022)

AUTEUR INCONNU. Quel impact écologique pour pour les croisières? [ en ligne ], Tourisme écologique, https://www.tourismeecologique.fr/quel-impact-ecologique-pour-les-croisieres/, (consulté le 25 novembre 2022)

ERNOULT, Marine. La reprise des croisières inquiète des écologistes [ en ligne ],  L’express, https://l-express.ca/croisieres-inquiete-ecologistes-pollution-eau-air/, (consulté le 25 novembre 2022)

AUTEUR INCONNU. Principaux contaminants atmosphériques [ en ligne ], Gouvernement du Canada, https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/pollution-atmospherique/polluants/principaux-contaminants/oxydes-soufre.html, (consulté le 25 novembre 2022)

AUTEUR INCONNU, Pollution sonore sous-marine: quels impacts? [en ligne], secrétariat d’État chargé de la mer, publié le 17 mai 2022, https://mer.gouv.fr/pollution-sonore-sous-marine-quels-impacts (consulté le 13 décembre 2022)

AUTEUR INCONNU, La pollution sonore sous-marine : Un monde marin plus ou moins silencieux! [en ligne], Les aventures de Rafaele, janvier 2014 https://www.environnement.gouv.qc.ca/jeunesse/chronique/2013/1306-pollution-sonore-sous-marine.htm (consulté le 13 décembre 2022)

IMAGES:

MAISONNEUVE CATHERINE, 10 beaux spots pour faire du paddle board, 12/09/20, https://www.ellequebec.com/style-de-vie/voyages/pratiquer-le-paddleboard-quebec-10-endroits-quebec-ete (consultée le 28 novembre 2022)

QUÉBEC AVENTURE PLEIN AIR, croisières, excursions et observation des baleines, https://www.aventurequebec.ca/fr/baleines (consultée le 28 novembre 2022)

1 réflexion au sujet de « Le tourisme dans le Saint-Laurent, à quel prix? »

  1. Bonjour l’équipe!
    D’abord, bravo pour votre article! C’est un gros sujet, mais vous avez bien séparé vos idées.
    J’ai quand même quelques ajustements et des nuances à apporter. (N’ayez pas peur de mon long texte ici, je veux vous aider et être le plus claire possible! 😉 Ce n’est pas signe que tout est à refaire!)

    Note sur le mot «croisières». Il faut se rappeler qu’à Tadoussac, le mot «croisière» fait référence à une sortie en petit bateau de quelques heures (comme un zodiac). Si on parle des gros bateaux de croisières style ville flottante, on va préciser «les croisières internationales». Je crois que cette nuance peut vraiment aider vos sources et vos explications.

    Dans votre introduction, il faudrait ajuster le sujet amené. C’est vrai que les croisières nuisent à la vie marine mais vous venez tout juste d’écrire qu’une partie de la population vivait de cette industrie… Il faudrait être plus nuancées car on dirait qu’on les pointe du doigt. Après, votre question pour lancer votre texte est super et votre dernier paragraphe pour votre expérimentation est directement en lien alors c’est super bon!

    La pollution : Vous abordez le sujet des contaminants chimiques dans l’eau et ensuite, le fait que ça réchauffe l’eau. Le lien est difficile à faire. Ce qui est inquiétant dans ces déversements, ce sont les contaminants qui sont déversés. Ceux-ci affectent beaucoup la chimie de l’eau et donc, les organismes marins! Pour vous aider, je suggère cet article : https://baleinesendirect.org/peut-on-vider-les-baleines-de-leur-pollution/

    Le dérangement côtier : Ici, l’angle du dérangement est bon, je me rappelle vous en avoir parlé! Toutefois, le bruit le plus dérangeant pour les cétacés, c’est celui produit par les moteurs lorsqu’ils sont sur l’eau, en déplacement. Le dérangement auquel vous faites référence est plutôt lié aux croisières internationales (voir le sens du mot «croisière», plus haut!). Dans la région de Tadoussac, les bateaux de croisières aux baleines sont éteints le soir et la nuit.
    Je crois que le texte de Nahila Bendali vous a peut-être mal orienté. Ce qu’elle décrit, ce n’est pas trop la réalité de la Côte-Nord (même si oui, tous ces bateaux passent par là, ils ne s’arrête pas au quai de Tadoussac et n’ont pas le droit de faire de l’observation des baleines).

    La menace et le non-respect des règles : ATTENTION! : Les compagnies de croisières aux baleines et leurs capitaines n’en font pas qu’à leur tête (formulation à éviter!)! La grande majorité sont très respectueux des règlements. Ce que vous décrivez dans les comportements à éviter, c’est beaucoup plus observé chez les plaisanciers qui souvent, ne savent même pas qu’il y a des règlements… Il faut vraiment modifier le texte.
    Aussi, la distance à respecter dépend des espèces : 200 ou 400 m (espèces en danger).

    Quand ils voient une baleine sur l’eau, les capitaines sont vraiment plus du genre à s’entraider qu’à compétitionner. Ils s’appellent pour signaler les secteurs où il y a beaucoup de baleines, ils se positionnent pour que tous les bateaux voient bien, etc. Il faudrait corriger ce passage. Je vous suggère cet article à propos de l’Alliance Éco-Baleine! C’est d’ailleurs un regroupement de personnes qui a été créé par l’industrie d’observation aux baleines pour avoir des meilleures pratiques! (Sûrement une excellente source pour répondre à votre question…!)
    https://baleinesendirect.org/des-initiatives-pour-une-observation-responsable-des-baleines/

    Attention aussi au verbe «snober»… ça sous-entend que les gens qui choisissent de ne pas faire de croisière ne font pas un bon choix, comme si vous jugiez les gens qui faisaient ce choix (ce qui n’est sûrement pas votre intention, j’en suis certaine!).

    Finalement, en lisant le texte au complet, je me rends compte que votre titre menait peut-être à une autre idée. Le transport maritime fait plutôt référence à la marine marchande alors que vous discutez plus des croisières aux baleines. À réfléchir!

    Pour vos sources : vous en avez beaucoup, dont quelques-unes qui viennent d’une compagnie de croisières et donc, qui présentent ce point de vue. C’est bien! Qu’en est-il des autres compagnies?
    Attention aussi : vos sources comptent des articles qui présentent la réalité des croisières en Europe… ce n’est pas du tout la réalité du Québec! Ça vous a peut-être mené sur un mauvais chemin.

    N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions en lien avec tout ça!

    J’ai hâte de lire la suite! ☺️

Laisser un commentaire