Notre expérimentation consistait à nous rendre dans une friperie afin d’évaluer la qualité des vêtements et de déterminer la provenance de ceux-ci. Nous nous sommes aussi entretenues avec la directrice de la friperie.
Pour en savoir plus à propos de notre sujet, nous sommes allées effectuer une entrevue avec Sandra Côté-Guimond à la friperie du Père-Lelièvre. Cette friperie est communautaire, c’est-à-dire que son but premier est d’aider les gens. Contrairement aux friperies entreprises, comme mentionnées dans leur nom, ce sont des entreprises, donc leur but est de faire de l’argent. Lors de notre entrevue, l’interviewé nous a affirmé qu’ils peuvent donner certaines choses gratuitement pour les gens qui n’ont pas d’argent, tandis qu’une friperie entreprise pourrait le faire, mais elle devra le déduire. Madame Côté-Guimond est directrice générale de l’organisme Solidarité Familles depuis plus d’un an. Lors des trois dernières années, après avoir fondé la communauté de restructuration de la friperie, elle fut coordonnatrice de la friperie. Tout a commencé il y a 10 ans pour elle, alors que le besoin était grandissant. À la question : « Est-ce qu’il y a trop de vêtements donnés ou non achetés? », elle a répondu : « Non, cela nous permet d’être stricts. Comme nous sommes dans un milieu défavorisé, nous voulons donner des vêtements de qualité. Ceux qui sont de moins bonnes qualités sont envoyés à TexFab, qui en feront des guenilles ou bien ils les enverront à d’autres organismes ou même dans d’autres pays. Il n’y a pas trop de vêtements non achetés, car les invendus sont mis en soldes, ce qui donne de l’argent à l’organisme et s’ils ne sont pas vendus, nous les donnons à TexFab. Nous lui avons également demandé quels sont les bienfaits et les inconvénients des friperies. Voici ce qu’elle nous a répondu : « Il y en a beaucoup des bienfaits! On peut trouver des vêtements beaucoup moins chers, ça permet de recycler et de faire des cadeaux aux enfants. Une dame est venue l’autre jour et elle était très contente, j’étais un peu mélangée, je suis allée la voir et et m’a dit que c’était la première fois qu’elle s’est acheté un chandail en 10 ans. Je me rappelle même que le chandail était à 2,75$. Ça permet donc aussi de se gâter. Je dirais aussi que ça empêche l’intimidation puisque si un parent n’a pas d’argent, il n’a pas d’argent pour acheter des vêtements à son enfant, donc l’enfant va porter du vieux linge. Mais s’il vient acheter dans une friperie, les vêtements sont à moindre coût et de bonne qualité. Ça peut aussi aider à se nourrir. On ne vend pas de nourriture, mais on vend de la vaisselle! La revalorisation je dirais aussi. Une fois, je suis allée chez une dame qui avait seulement une télé de la grosseur d’un ordinateur dans son salon. Elle n’avait pas de table, donc elle mangeait sur elle. On lui a donné des bibelots. Juste le fait de décorer son chez- soi un peu, permet de redonner un peu plus de confiance. Je ne vois pas beaucoup d’inconvénients. À part peut-être le fait que les gens, pour se donner bonne conscience, donnent des cochonneries. Une fois, on a eu un miroir cassé et des bobettes sales. Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse avec ça? On ne peut pas les vendre.» Sandra affirme que la clientèle a changé ces dernières années. Il n’y a pas juste des gens défavorisés qui viennent. Même les gens qui ont de l’argent osent venir maintenant. Avant, c’était honteux d’aller dans des friperies. Les friperies sont de plus en plus populaires, notamment à cause du fait que le prix de la vie augmente. Elle croit que cela va continuer dans les prochaines années. Les gens prennent plus conscience que donner est bon. Nous lui avons finalement demandé de quelles qualités sont les vêtements qu’ils reçoivent. Elle nous a dit qu’ils reçoivent des vêtements de toutes sortes de qualités. Ils font deux triages pour s’assurer de garder seulement des vêtements de bonne qualité.
Toutefois, les friperies ne sont plus ce qu’elles étaient. En effet, lors de notre visite à la friperie du Père-Lelièvre, nous avons constaté qu’une grande majorité des vêtements provenait de la mode rapide. La plupart ont été fabriqués en Chine, au Bangladesh ou bien dans d’autres pays ateliers. Dans ces pays, les règles environnementales entourant la fabrication de biens vestimentaires sont presque inexistantes. La contamination de l’eau par les produits chimiques utilisés et par des microplastiques est alors présente dans de nombreuses rivières en Asie. Prenons, par exemple, la fabrication d’un jean pour comprendre comment cette industrie pollue. Pour le confectionner, il faut presque 10 000 litres d’eau, des matières naturelles ou synthétiques, de la tenture et des produits chimiques qui sont toxiques et parfois même cancérigènes. En Chine, l’eau de certaines rues est bleue à cause de ces produits dangereux pour la
santé malgré que ceux-ci ne sont pas dangereux lorsque le consommateur porte un vêtement. De plus, le jean doit parcourir des milliers de kilomètres pour être acheminé en magasin, ce qui demande beaucoup d’essence et donc qui crée des gaz à effet de serre. Bref, pour un seul jean qui va probablement finir dans la poubelle quelque temps après, il y a une grande consommation d’énergie. L’empreinte environnementale est donc énorme. Ensuite, les dons effectués sont de moins bonne qualité que ce qu’ils étaient avant l’apparition de ce phénomène touchant la mode. S’ajoutant à la baisse de qualité, les dons reçus des friperies, ainsi que dans la plupart des organismes charitables, sont devenus trop nombreux. Saviez- vous qu’environ la moitié des biens donnés aux friperies ne seront jamais mis en vente ? En effet, la qualité et le nombre de vêtements reçus empêchent les boutiques de secondes mains de tout mettre les stocks sur leurs tablettes. Pour remédier à ce problème, plusieurs organismes, pas seulement les friperies, vont tenter d’en faire don, mais une majorité de vêtements va finalement être renvoyée dans des pays en développement. Rendue là-bas, la marchandise est de plus en plus rarement restaurée ou utilisée. Elle peut parfois être transformée en torchon, mais la plupart du temps, les morceaux finissent brulés ou reposent dans un dépotoir à ciel ouvert. Par exemple, au Chili, on retrouve des montagnes de vêtements, ce qui a des impacts sur l’environnement. Les textiles polluent les nappes phréatiques dans la région et polluent l’air, car, lors de leurs décompositions, les vêtements produisent du méthane qui est un gaz à effet de serre encore plus puissant que le CO2. Ainsi, nous pouvons réellement nous rendre compte de l’impact qu’a eu la «fast fashion» sur l’ensemble de la consommation de seconde main.
Il existe deux types de friperies. Lors de notre expérimentation, nous nous étions rendues dans une friperie communautaire. Nous avons pu constater qu’il y avait une nette différence en comparaison aux friperies entreprises. Le but principal des friperies communautaires est d’aider les personnes dans le besoin. Il n’y a alors aucune perte, car tous les invendus sont donnés. Les friperies entreprises ont pour objectif premier de faire de l’argent. Pour eux, leur objectif n’est pas vraiment d’essayer de leur trouver une utilité ou d’en faire profiter quelqu’un d’autre. Parfois, ils vont nous vendre des articles à un prix qui n’est clairement pas représentatif de la qualité. Si des articles ne sont pas vendus, ils seront expédiés dans d’autres pays pour se faire enterrer. Par exemple à Accra, la capitale du Ghana se retrouve débordée par les vêtements que nous donnons. Envoyer nos déchets à l’étranger est moins coûteux sur le plan économique que de les enfouir dans une décharge canadienne. Par contre, sur le plan environnemental et éthique, cette action est impensable. C’est pour ces raisons qu’avant de prendre l’initiative de donner vos vêtements, renseignez- vous sur leur destination. Ce simple geste peut avoir d’énormes impacts pour notre monde de demain.
Les vraies solutions. Malgré que les friperies soient une solution populaire, il faut contrer le problème à la source afin de faire une réelle différence. Il faut donc commencer par réduire sa consommation en modifiant ses habitudes et en se posant de bonnes questions lorsque l’on veut acheter un vêtement. Par exemple, vous pourriez vous poser la question : avez-vous vraiment besoin de 20 paires de jeans? De cette façon, vous réfléchirez avant d’acheter quelque chose dont vous n’avez pas nécessairement besoin et vous pourriez même réduire vos achats impulsifs. Une autre solution serait d’aller dans des boutiques vintages ou des éco boutiques comme YWCA Québec, Écoboutique, Triste Vintage. Ces magasins possèdent souvent du linge de meilleure qualité puisqu’avant les vêtements étaient faits avec des tissus de qualité supérieure pour durer longtemps. Les boutiques locales sont aussi une alternative intéressante parce qu’elles permettent de soutenir les compagnies d’ici. Voici quelques exemples d’entreprises : Baba mode consciente, Kuwalla Tee, Holive, Indyeva, Little Yogi . Enfin, la meilleure solution sera celle que vous adopterez pour aider notre planète et notre environnement.
Pour faire part de nos recherches de manière ludique le 20 février, nous allons créer un jeu participatif avec des questions sur les effets méconnus des friperies. Nous pensons que cela impactera notre public cible de manière positive et les poussera à amener un changement dans leurs habitudes de consommation. Afin d’attirer les gens à venir à notre kiosque, nous allons mettre en place un décor avec un support à vêtements et une grande affiche présentant la question suivante: Les friperies: si écologiques que ça? Cela piquera l’attention des personnes qui passeront et nous permettra de partager notre message à un plus grand nombre de gens.
Pour conclure, ce projet nous a permis de réaliser qu’il existe un vrai problème dans le domaine des friperies, qui impacte énormément notre environnement, qu’il soit à l’échelle locale ou à l’échelle internationale. Nous avons pu trouver des alternatives plus écologiques aux friperies entreprises : les friperies communautaires. Grâce à notre expérimentation, nous avons pris conscience qu’il était important de changer nos habitudes de consommation vestimentaire. Aussi lors de notre kiosque, nous avons constaté que les gens n’étaient pas assez informés de l’ampleur des impacts environnementaux et que la conscientisation sur ce sujet était nécessaire. C’est à vous maintenant d’adopter un changement pour le meilleur!
Médiagraphie :
https://www.ellequebec.com/societe/reportages/les-dessous-de-la-mode-seconde-main
https://www.femina.ch/societe/actu-societe/les-filieres-du-second-hand-sont-completement-saturees